PS. Je m'excuse, tous les liens que je vous propose ici conduise à des versions anglaises de l'information. 

De la lumière à électricité, aux nombres, à électricité, et enfin à lumière à nouveau, c'est le cycle de la lumière pour un photographe.

Comprendre, même superficiellement, ce processus, est, à mon avis, indispensable. La caméra numérique est, après notre système visuel, la plus sophistiquée des "machines" que nous avons pour la photographie. Elle offre deux fonctions principales, la première consiste à capturer la lumière et à la convertir en nombre pour sauvegarder le tout sur une carte mémoire. Le second, bien qu'on pourrait sans passer, est quand même très utile, c'est celui de nous donner un aperçu de ce que nous avons capturé, la version écran de la capture. 
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La lumière visible est une petite bande du spectre électromagnétique. Pour nous, ainsi que pour le capteur d'une caméra, la lumière, dans sa version photon, est comptabilisé différemment selon la longueur d'onde. Ceci se nomme une réponse spectrale. La combinaison de la lumière présente devant nous et de la réponse spectrale du capteur de notre caméra, est transformé en électricité, puis en nombre. Ceci se traduit littéralement par un comptage de photon au niveau du capteur. Malheureusement, et bien que les photons offrent toutes les informations nécessaires, pour déterminer sa couleur, la conversion en électron nous fait perdre toute cette information sur la couleur. Ceci est valable pour note système visuel également. 

Pour être en mesure de restituer toutes les informations disponibles, le capteur de la caméra est recouvert d'une matrice de filtre colorée (CFA). Un capteur est composé de nombreux "photosite", et chacun est recouvert d'un filtre selon un patron, en général, on retrouve un filtre rouge, deux filtres verts et un bleu par bloc de photosites (2x2). 

Chaque photosite apporte un quart de l'information nécessaire pour reconstruire la couleur. Pour récupérer cette couleur, on procède à une opération qui se nomme le dématriçage. Pour faire court, on passe de photon, à électricité, puis à des nombres que l'on peut sauvegarder tel quel, c'est le concept du "RAW".  

J'allais oublier, cette forme de capture, nécessite une explication supplémentaire et importante, La lumière, est un peu comme un jet d'eau, que l'on obtient depuis un tuyau d'arrosage, c'est impossible de prédire exactement le nombre de photons à un instant (infinitésimal) donné. C'est un phénomène aléatoire qui suit une loi de Poisson. Une conséquence, de ce phénomène, est le bruit de capture (shot noise ou Poisson noise), et ce bruit est égal à la racine carrée du nombre de photons capturés. Il est aussi égal au rapport signal/bruit, et c'est de là que vient la nécessité de capturer le maximum possible de photons, et donc d'obtenir un rapport signal/bruit le plus élevé possible, et donc d'exposer pour obtenir un histogramme, le plus à droite possible. 

Imaginer, une capture faite à 1/1000 seconde, le dernier photon à atteindre le capteur pourrait être à 300 km de l'objectif au début de l'ouverture du rideau...


C'est à partir d'ici que je m'implique, car personne n'a encore mis son grain de sel, si on veut. Je convertis, depuis peu, ces captures dites "RAW" au format "DNG"  par l'intermédiaire d'un logiciel qui se nomme DXO PureRaw. Il propose des algorithmes très avancés pour le dématriçage et le débruitage.  Ensuite, soit j'utilise, un logiciel spécial qui me permet de convertir cette capture brute en image d'une façon strictement technique. Ou encore, j'utilise, un "digital camera profile" (fichier DCP) que j'ai créé à partir de la fonction de sensibilité spectrale (SSF) du capteur de ma caméra. Je sais, je suis un geek...

Il ne me reste plus qu'a exposé correctement maintenant. C'est très difficile, car la caméra n'en fait qu'à sa tête, et ne me donne pas l'heure juste pour une exposition correcte, basée sur les données brutes, on n'a que les données d'une capture convertie en une image écran. Le résultat est que l'on sous-expose systématiquement toutes nos captures. 


Mon protocole de travail:
Lors d'une session de photographie, je fais une capture d'une cible de référence comme le ColorChecker. Malgré tous mes efforts, exposition à droite, conversion au format DNG, utilisation d'un fichier DCP sur mesure pour ma caméra. Il demeure toujours un certain écart entre les valeurs de la cible capturées et celles de références mesurées. C'est simple à comprendre, l'approche d'un "digital camera profile", est qu'on se base sur deux ou trois spectres de lumière de référence, alors qu'en réalité, on n'a jamais ces lumières parfaites. De plus, il y a toujours interpolation, oui, on s'approche le plus possible, mais jamais parfaitement du spectre exact de la lumière présente lors de la capture. Alors, j'utilise, la capture d'un ColorChecker lors de chaque session pour apporter les correctifs. Je crée une LUT, pour faire cette correction, et même à ça, ce n'est pas encore la perfection, mais souvent, c'est imperceptiblement "imparfait".

Comme je traite chaque image de façon unique, ce sera difficile d'être très spécifique, mais je veux bien vous indiquer l'idée générale de mon approche. 

Premier point, et j'insiste qu'ici, je parle de mon propre travail, donc, j'ai horreur de l'ordinaire en ce qui concerne mes photos, j'essaie tout le temps de créer quelque chose d'unique. Avec les fleurs, je réussis assez fréquemment, mais beaucoup moins bien qu'avec le noir et blanc, enfin à mes yeux encore une fois.

En particulier pour mes images noir et blanc, je fais de la chasse aux éléments que je vais peut-être utiliser plus tard. Il m'arrive souvent, de capturer des ciels, des nuages intéressants, des arbres, de grand champ couvert de neige, etc. C'est vrai que je fais exactement pareil pour les fleurs aussi, je crée en caméra des images qui serviront d'arrière-plan, etc.





Quand on pratique la photographie de fleurs, on est confronté à des couleurs extrêmes, et il est essentiel de partir du bon pied. L'image ci-dessous comporte pratiquement que des couleurs qui sont hors du domaine du possible pour un écran standard, mais vous pouvez voir, comme moi, qu'il y a peu d'effet secondaire, si on veut. Seule la moitié supérieure de la zone de couleur rouge montre des problèmes, il n'y a plus aucun détails, ou encore de texture dans cette zone. Si vous pratiquez un protocole semblable au mien, il est très possible de récupérer la texture, de cette zone. En fait, j'en suis certain.

Quasiment toutes mes photos de fleurs présentent ce genre de problème, et probablement la majorité de nos photos, avec une présence importante du soleil, sont problématiques aussi.   


Travail d'édition:
Voici, la misère que je me donne, pour être 100% certain que mon papier, avec mon imprimante et ses encres, vont me donner des tirages noir et blanc ainsi que couleurs, irréprochables et de très grande qualité.

Dans tous les cas, si je veux un excellent tirage, je choisis un papier sans aucun additif du genre agent de blanchiment (OBA ou FWA) et sans acide, il va sans dire. J'ajouterai qu'un excellent papier a une réserve (buffer) pour maintenir le PH un peu alcalin.

Pour mon livre, j'ai choisi un papier Kozo de la maison Awagami au Japon, qui sera monté sur un papier Canson noir sans acide, de 165 gsm.

Tous les tests the performances à longs termes démontrent clairement qu'un tirage exposé au rayon UV normal, lumière du jour, par exemple, résiste environ deux fois moins longtemps. Ces agents nécessitent la présence de rayon UV pour que leur utilisation devienne utile, sans compter que ces papiers sont légèrement bleutés. Je vous laisse conclure. 

https://www.aardenburg-imaging.com/light-fade-test-results/

Une note sur le site ci-haut:

*  The Phillips Colortone F40T12/C50 fluorescent light source and ordinary glass picture frame glazing yields UVA content and overall spectral power similar to natural 5000˚K daylight entering a window and then striking a print that has been framed by standard acrylic glazing rather than ordinary glass.  Other light sources and/or different glazing options may yield greater or lesser fade rates (generally, a 2-5x increase in fade rate for direct sunlight compared to UV–excluded sources at the same Lux level).  The spectral quality of the light can also affect individual colors differently.

En résumé, un tirage exposé au rayon UV va se détériorer, de 2 à 5 fois plus vite que s'il est protégé. 

De plus, la majorité des manufacturiers d'imprimantes offrent deux choses qui me sont indispensables pour réaliser la qualité de tirages que je souhaite obtenir. Le premier, c'est un pilote (driver) à 16-bit, et le deuxième, est un mode d'impression spécifique pour les tirages noir et blanc. 

Posez-vous la question, pourquoi les manufacturiers feraient ça, le pilote et le mode d'impression, si ce n'était pas utile. Connaissez-vous des manufacturiers dépenseraient des sous pour le "fun". J'imprime uniquement qu'à partir de fichiers 16-bit. Je dois ajouter pour qu'il n'y ait pas de confusion, un fichier d'image qui a été converti, à une ou plusieurs reprises, de 16 à 8 bit (et à 16-bit à nouveau) et sans parler d'une conversion à l'espace sRGB, entre tout ça, ce n'est pas à mes yeux un fichier 16-bit, enfin pas de qualité, pour moi, c'est 16-bit ProPhoto exclusivement, et à tous les stades, de la capture jusqu'à l'impression. 

Pour le noir et blanc, j'utilise le mode noir et blanc et je crée mes propres profils ICC spécifiquement pour la couleur et aussi pour l'usage en mode noir et blanc spécifiquement pour chaque papier que j'utilise avec mon imprimante, une Canon ImageProGraf PRO1000. Mon spectrophotomètre est un I1 Pro 2 de Xrite.





Pour le noir et blanc en particulier, 

https://github.com/doug3236/ABWProfilePatches

https://www.argyllcms.com/


https://github.com/doug3236/ABWProfilePatches
https://www.northlight-images.co.uk/test-image-for-black-and-white-printing/
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